Vous avez dit transformation numérique des entreprises ?

Le numérique pèse plus de 100 milliards d’euros dans le PIB de la France et concerne 1,5 millions d’emplois. Plus de 100 milliards supplémentaires, pourraient être envisagés à court terme, si la France, parvenait à accélérer sa mue et ses entreprises réussir leur transformation numérique.

La transformation numérique c’est quoi ?

La transformation numérique est un processus global visant à intégrer tous les outils technologiques disruptifs dont l’entreprise a besoin pour faire évoluer ou transformer sa chaîne de valeur. Il s’agit d’un bouleversement radical des fondamentaux de l’entreprise traditionnelle.Tous les métiers, toutes les fonctions de l’entreprise sont concernés : les produits, le marketing, la relation client, l’innovation, les achats, le recrutement, le management, la gouvernance, le leadership, la collecte des données ou l’environnement.

Cette transformation est-elle uniquement l’affaire des entreprises ?

Cette définition expose plusieurs fondamentaux organiques de cette transformation : une vision, un leadership et un projet. L’ensemble débouchant sur un vaste chantier culturel et technologique impliquant de nombreux acteurs (les entreprises, la puissance publique, les consommateurs…). Hélas, tous les protagonistes ne sont pas au même niveau de maturité et de compréhension des enjeux.

Le consommateur

Par ses usages et son ouverture à la question numérique, le consommateur s’est imposé comme la figure de proue de cette transformation, son ambassadeur le plus actif. Chaque jour, plus de 42 millions de français se rendent sur Internet. 35 millions y accèdent via leur mobile. Armé de son smartphone, le consommateur a élargi ses usages à tout le spectre numérique.

Aujourd’hui, 61% des français achètent en ligne. 1 français sur 3 vend sur Internet. Chaque mois, 15 millions de personnes écoutent de la musique sur Deezer ou Spotify. Plus de 29 millions de français se servent de Google Maps. Sans parler de ceux, toujours plus nombreux à fréquenter les réseaux sociaux ou à communiquer via des messageries instantanées. L’appétence des français pour le numérique ne se limite plus aux usages de base. 53% des consommateurs se disent intéressés par la réalité virtuelle (63% des 15-24 ans), alors que 51% affichent une réelle inclinaison pour la réalité augmentée. Sans oublier de nombreux usages en devenir, suivant tous, une même ligne de fracture : l’intelligence artificielle.

Les français ont une perception positive de la transformation numérique. Pour eux, elle représente une opportunité et un chemin à suivre pour s’ouvrir de nouvelles perspectives. Est-ce le cas de la puissance publique ?

L’ETAT : force motrice dans l’e-administration

A l’horizon, 2022, l’État prévoit d’investir  57 milliards d’euros « pour une action publique plus transformante, plus concrète et projetée sur les projets d’avenir ». Autrement dit,  orienter les énergies et les ressources de la puissance publique pour moderniser l’État et renforcer son empreinte numérique. A ce titre, 9,3 milliards d’euros iront à « la construction de l’État numérique », dont la moitié sera consacré à des projets dans le domaine de l’e-santé. Pour aller plus vite, d’autres lignes budgétaires seront mobilisés. Par exemple, près de deux milliards d’euros seront affectés à la dématérialisation des démarches administratives, sans compter, les initiatives engagées par les collectivités locales pour numériser leurs services..

Cette effervescence a des effets visibles et concrets. 66% des français estiment que le développement des services numériques de l’État et de l’administration est bien avancé. Mieux,  83% considèrent que les outils numériques mis à leur disposition sont nombreux et qu’ils sont de plus en plus faciles à utiliser.

Pourtant, cette volonté de moderniser rapidement tout le dispositif public, ne saurait masquer, une réalité parallèle, moins rose : l’absence d’un véritable plan d’accompagnement des entreprises à faire leur mutation numérique.

Absent dans l’accompagnement des entreprises

En dehors des fulgurances verbales sur la French-Tech (label très utile) ou la communication très nombriliste sur le nombre de start-up se rendant chaque année au CES de Las Vegas, de quel bilan, la puissance publique peut-elle se prévaloir en matière d’accompagnement numérique des entreprises ?

Selon McKinsey, le numérique pourrait engendrer une valeur économique globale, d’environ 1 000 milliards d’euros en France d’ici 2025. Or, pour atteindre cet objectif, les pouvoirs publics sont condamnés à proposer autre chose que la seule French-Tech, en cessant de faire de ce label, l’unique manifestation concrète de leur politique numérique à destination des entreprises.

Toutefois, la responsabilité de la puissance publique dans le manque d’empressent des entreprises à l’égard du fait numérique est équitablement partagée avec deux autres acteurs dont la lecture et le décryptage des enjeux ont été défaillants : les organisations professionnelles et les entreprises elles-mêmes.

Des entreprises en situation de détresse numérique…

Une étude de Capgemini Consulting affirme que les entreprises « numériquement mûres » génèrent 26% de rentabilité additionnelle et 9% de revenus en plus par salarié. Pourtant, 87% des dirigeants de PME et ETI ne considèrent pas la transformation numérique comme une priorité stratégique pour leur entreprise. Parmi ceux qui ont une vision de cette transformation, 67% sont dépourvus d’un projet clair et sérieux pour la faire avancer. Pire, 38% des dirigeants affirment ne pas croire à la révolution numérique ou attendent d’être convaincus avant d’agir.

Ceci nous ramène à la réalité de la transformation numérique des entreprises: un processus complexe, lesté par de nombreux obstacles. D’abord, un faible niveau d’acculturation des chefs d’entreprise à la question numérique. 47% des dirigeants de PME, estiment que l’impact du numérique sur leur activité ne sera pas majeur d’ici 5 ans. Ensuite, l’absence d’une vision et d’un leadership pour imaginer, lancer et conduire cette transformation. Enfin, des compétences en interne souvent limitées ou carrément absentes. Et facteur aggravant, une surface financière insuffisante pour construire un projet et couvrir les investissements. Autant de freins qui ralentissent l’action et empêchent le changement.

Dés lors, les entreprises françaises sont-elles en train de rater le virage de la transformation numérique ? Une chose est sûre : beaucoup peinent à assimiler les enjeux et la portée de cette mutation. Autre certitude : leur empreinte numérique est aujourd’hui trop faible pour passer rapidement d’une transformation figée ou molle à une transformation réelle et d’ampleur.

Si la transformation numérique est d’essence culturelle, son substrat est technologique. Cette dernière dimension, à travers ses variables intégration et usages nous permet de mesurer le chemin accompli par les entreprises dans leur mue numérique. Que nous disent les chiffres disponibles ? Attention au yeux, ça va piquer !

Des chiffres très alarmants

  • 20% des TPE françaises n’ont pas d’accès à Internet.
  • 19% des entreprises de plus de 10 salariés forment leurs salariés aux TIC. A peine, 5% dans les TPE
  • 17% des entreprises de plus de 10 salariés emploient un spécialiste en TIC (chiffre qui bouge peu depuis 2014)
  • 67% des entreprises de plus de 10 salariés ont un site web. 32% des TPE
  • 21% des entreprises de plus de 10 salariés vendent sur le web. 5% des TPE
  • 8% vendent dans un autre pays de l’UE. 5% en dehors de l’UE
  • 90% des TPE n’ont pas de site web adapté aux dispositifs mobiles
  • 1 entreprise sur 3 fait des campagnes e-mailing
  • 41% des entreprises utilisent les réseaux sociaux. 25% dans les TPE.
  • 18% font de la publicité en ligne. 13% dans les TPE.
  • 21% des entreprises utilisent des services de Cloud computing
  • 8% utilisent des services de Cloud avancés (comptabilité, CRM…)
  • 38% des entreprises de plus de 10 salariés utilisent un ERP pour partager des informations à l’intérieur de l’entreprise.
  • 12% des entreprises de plus de 10 salariés ont un blog

Tous ces chiffres (Eurostat et Insee) témoignent de la misère et du dénuement numérique dans lesquels se trouvent des centaines de milliers d’entreprises françaises. Livrées à elles-mêmes, sans vision ni prérequis technologiques, sans ressources ni moyens, les carottes de la transformation numériques sont-elles déjà cuites pour ces entreprises ? J’en ai bien peur.

En résumé…

Dans les grandes entreprises, dans les PME agiles, dans beaucoup d’entreprises de taille intermédiaire (ETI), et même dans certaines TPE dynamiques, cette transformation est en cours. Elle ira à son rythme mais elle se fera. En revanche, beaucoup de petites et moyennes entreprises, risquent de rester à quai, regardant le train de la transformation avancer sans elles.

Kamel LEFAFTA

Transformation numérique des entreprises

Transformation numérique des entreprises – ©LK Conseil – Cliquez pour agrandir l’image

 

 

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